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E-MAIL envoye de Hong Kong en Novembre 1997
Titre: je recapepete depuis le debut
Voila une petite remise a jour de mon periple. Il faudra surement vous
y reprendre a deux fois pour lire ce pave.
Le 14 juillet 1997, je m'envole pour la Malaysie pour de joyeuses vacances
asiatiques. Un mois en compagnie de Caroline, les baboins et les varans
en tous genres. Des vacances sans autres pareilles que ce soit a travers
la jungle des buildings ou celle de terre et de feuilles; le long des
plages de sable blanc; en bus ou en pirogue.
Le sort a voulu que nous atterrissions dans une petite ville de province
qui allait changer le cours des choses: Kuala Terengganu. Nous etions
toutes deux fatiguees et l'arrivee Chez Awi fut un soulagement et une
revelation.
Une guesthouse sur pilotis dans un village des plus authentiques au
dessus d'eaux boueuses et poluees. Peu importe les petites pahutes en
bois sans luxe superflu . La douche a ciel ouvert etaient bien plus
que ce que nous pouvions esperer. A quelques pas une fabrique de bateaux.
Dans une des petites biquoques en bois un Neo-zelandais. Une crepe-party
avec une petite bande sympa et ca suffit pour chambouler ma vie. Je
decide ce jour la de me donner le temps de vivre comme je l'entends,
sans les obligations de ma vie toute tracee.
Caroline et moi repartons sur les routes la tete pleine de souvenirs.
Un petit tour par Singapour puis retour a Kuala Lumpur pour "recuperer"
quelques affaires et prendre nos avions respectif pour la France et
Hong Kong.
En effet grace a l'aide de Chuy You, j'avais trouve un stage a Hong
Kong et entendait bien ne pas abandonner cette experience qui ne pourrait
qu'etre enrichissante. Le 19 aout, j'arrive donc a Hong Kong ou je suis
acceuillie par mon amie Chuy You. Elle retournait dans quelques jours
en France et avait donc pour mission de me former a ma nouvelle vie
boulot, dodo,et copains. Une passation de pouvoir en bon et du forme.
DODO: j'avais une chambre dans un petit appartement de Cheung Wan que
me louait des cousins de Chuy You. Je vivais donc avec May, la maman
d'un petit garcon d'environ six ans qui ne sait s'exprimer qu'en hurlant,
et sa mere, gentille grand-mere qui me parlait en cantonais et que,
je ne sais par quel miracle, je comprenais.
COPAINS: une bande de jeunes francais expatries bien sympas ainsi que
quelques Hong Kongais. BOULOT: un petit local encombre par des centaines
de meubles et articles de decoration en tout genre, un patron abusif,
un co-equipier stagiaire depressif. Mon enthousiasme au travail s'est
tres vite envole et au bout d'une semaine je donnais ma demission au
grand desarroi de monsieur Boudin (pardon Oudin) qui voyait la un de
ses tout nouveau esclave se faire la malle.
Seulement Hong Kong est une ville chere et les jours s'ecoulaient sans
que je puisse trouver de travail. Avarde comme je suis et voyant mon
pecule s'amenuiser, je decidais de partir en Chine lorsque, grace a
l'aide de Estelle et Sophie, me voila propulsee du jour au lendemain
de chomeuse vagabondant dans les rues de la nouvelle Chine a l'etat
de serveuse a Lan Kwai Fong en toute illegalite.
Une nouvelle vie commence. Chassee de ma famille chinoise car je rentrais
a des heures indues pour toute famille qui se respecte, me voila logeant
dans un des dortoirs de la tour infernale a Tsim Tsa Tsui.
Les premieres semaines de boulots etaient fantastiques et j'appreciais
vraiment de voir autant de monde de differentes nationalites, blaguer
avec les gens, et faire de l'argent. 9 heures a courrir dans tous les
sens, a se demener pour 2F de pourboire, a gueter le moindre verre qui
se vide... ce rythme infernal finit par vous user. De plus dans un monde
regit entierement par l'argent, les tetes tournent, la jalousie, l'envie,
l'ingratitude... tous ces sentiments sont decuples et pourissent les
rapports humains.
Les dernieres semaines, je ne vivais plus, degoutee par la vision de
tous ces jeunes les pupilles dillatees par les petits cachets d'extasie,
par la rudesse des Hong Kongais, par les pleins pouvoirs de l'argent...J'etais
a bout de nerfs et l'argent n'etait plus suffisant pour me retenir a
Hong Kong. Je decidais donc d'explorer un petit bout de Chine apres
plus de deux mois exaltants passes a Hong Kong. Le temps de faire faire
mon visa et je m'embarque.
Je passe la frontiere a pied et prends le train pour Canton.
Mais quel choc des les premiers instants d'etre perdue dans un monde
d'ideogrammes.
Ou aller? A qui s'adresser?
Pourtant on trouve toujours son chemin, mysterieusement, guide par un
sens inconnu. A Canton, un garcon etrange m'aide a trouver ma route,
la banque, a manger et le bateau vers Wuzhou. Le trajet se fait dans
la penombre dans des cabines avec huit couchettes dures et donc sept
chinois qui n'etaient, par je ne sais quel hasard, que des hommes. Quelle
idee de vouloir absolument remonter la riviere des perles sur une coquille
qui arrive poussivementet finalement apres plus de 20 heures de voyage
dans la petite ville de Wuzhou.
Les chinois etaient asssurement surpris de me voir la, seule mais ne
passaient pas trois heures a me devisager comme l'aurait fait un malais.
Ils vous scrutent de la tete au pieds puis vous ignorent ou au moins
font semblant. Je passe les details des conversations de trois mots
d'anglais que j'ai pu avoir et des promenades dans les rues d'une ville
sans grand interet mais neanmoins plaisante.
De la bus station je prends un sleeping bus bonde. Et une fois de plus
cette question traverse mon esprit "Qu'est ce que je fais la? C'est
incroyable."
Mis assise, mis couchee, avec a ma droite deux monques je vais a Yangshuo.
Apres 8 heures de bus je suis ejectee en pleine nuit avec mes sacs devant
un hotel. 'Yangshuo tout le monde descend'. Le lendemain petit dejeuner
occidental dans un des cafes de la rue principale et rencontre de Wendy,
une australienne a la fin de son periple de deux ans et demi. Nous prenons
un guide pour une journee fantastique a velo. Le paysage: des pains
de sucre verts qui jaillissent de terre. Des champs de riz jaunes. Des
etendues d'eau bleues. Un enchantements. Des pecheurs aux cormorans,
des paysans qui labourent la terre avec boeufs et charrue. Nous avons
mange dans une maison vide mis a part une petite table et de minuscules
tabourets. Cote sport: nous avons ete dans une grotte, les pieds dans
la boue, pliees en deux dans les petits conduis, nous avons escalade
un des pains de sucre appele Moon Hill d'ou la vue est magnifique. Le
lendemain, nous nous sommes retrouve pour un copieux petit dejeuner
avant d'enfourcher nos bicyclettes pour un marche a une heure de la.
Un marche fourmillant. Pas de minorites colorees ou quoique ce soit
mais une foule, de la diversite, des petites allees specialisees dans
la vente de poussins, de paniers ou bien dans le rasage, la cuisine...
Le dimanche, je quittais Wendy pour Longshen que des francais
m'avaient conseille de voir la veille. Dieu merci je n'ai pas manque
ce paysage idyllique: des montagnes scultees par les rizieres en terrace.
Des petits villages de bois a flancs de montagne. Une ecole avec des
petits pupitres en bois comme avaient nos grand-meres. On en oublie
l'heure et demi de grimpette qui nous a mis sur les rotules. Une splendeur
de ce monde et une parmi d'autres en Chine. Je partageais ces moments
avec un danois que j'allais retrouver tout au long de mon voyage dans
le Yunnan.
En rentrant je decide de partir immediatement pour Guilin
et tenter d'avoir un train pour Kunming a l'ouest de la Chine. Seulement
tout ne va pas toujours comme on le voudrait. Je me heurtait a la rudesse
des guichetiere et n'avait nulle part ou dormir me refusant a payer
les prix exorbitants des hotels de luxe de Guilin. Je marchande donc
ma nuit dans un des sleeping bus a l'arret devant la gare. Un americain
etait la et nous avons discute trois bonnes heures. Situation vraiment
etrange car dans la penombre je n'ai jamais vu son visage devant quitte
le bus avant l'aube. Le lendemain, ne pouvant toujours pas obtenir de
ticket pour Kunming, je prends donc un bus pour Liuzhou.
Une fois trouvee la gare j'obtiens assez facilement un ticket couchette
dure pour Guiyang mais dans onze heures. ONZE heures d'attente dans
une gare puante et bondee. Fatiguee. 2 heures du matin le train, 15
heures arrivee a Guiyang. Il me faut un ticket pour Kunming.
Un petit vieux me guide et dans l'heure qui suit je suis dans un train
propre avec des chinois sympathiques avec qui je perfectionne mon langage
des signes. Quel soulagement. 10 heures de trains et enfin Kunming.
En cherchant l'hotel et un peu perdue, je tombe sur une grande place
ou des centaines de chinois...dancent. Le tango, la salsa et autres
dances bien etranges dont certaines se rapprochent des dances de groupe
bretonnes. D'autres font du TaiChi ou jouent au Mah Jong. Oubliee la
fatigue, je les observent amusee et le coeur rechauffe par un tel spectacle.Quand
la foule se disperse car ce n'est pas jour de conge, il faut vaquer
a ses occupations, je continue mon chemin jusqu'a l'hotel ou je prends
une bonne heure pour me debarasser de toute cette crasse accumulee durant
ce long voyage. Je me ballade dans la ville agreable avec son vieux
quartier.
Le lendemain je prends le bus, trois heures jusqu'a Shilin,
la foret de Pierre. Magnifique paysage de pierre a qui l'erosion a donne
des formes oblongues. Mais quelle pitiee de voir ce site naturel detruit
par la foule bruyante de touristes chinois. De retour en fin d'apres
midi, cette excursion m'a laisse un gout amer d'avoir vu une beaute
fletrie par la demesure humaine. Levee a l'aube, douze heures de bus
jusqu'a Dali, dans une vallee entouree de montagnes. Petite
ville touristique avec des cafes a l'occidentale sur le modele de Yangshuo.
Rencontre de Aline avec qui j'ai ete voir un marche sur l'autre rive
du lac, et Catherine, voyageuse inveteree avec qui j'ai flane dans les
rues de petits villages adorables, avec leurs maisons recroquevillees
sur des cours interieures et secretes. Deux jours a Dali avant de continuer
plus au nord et vers les cieux, vers Lijiang. Le bus traverse
des paysages d'une rare beaute et l'arrivee dans la vallee ou se trouve
Lijiang parait comme l'arrivee au paradi avec sa petite route bordee
de freles arbres au feuillage jauni. C'est la vieille ville qui vous
tire un "ouah" de ravissement. Pavee, maisons fermees par des pans de
bois rouges scultes. Une merveille. Je recroise Catherine, le danois
et Aline.
Le premier jour je le passe dans un des petits villages avoisinant appele
Baisha. Totalement different de Lijiang, mais d'une toute
aussi grande beaute dans sa pauvrete. Des maisons en terre jaune et
village du docteur Ho a qui j'ai achete quelques herbes magiques pour
mes cousins. Mon dernier jour avant de rentrer a HongKong, je l'ai passe
a lire un livre tibetain dans la montagne.
Ensuite, je vous passerai les details: 30 heures de bus, 50 heures
de trains, 2h d'un autre trains et me voila de retour a HK. Je dors
deux nuits chez Estelle, envoie mes affaires en France, prends un verre
avec mes amis, retourne au Hardy's, vide mon compte en banque... Rapide
mais intense. Le mercredi matin je pars prendre mon avion pour la Malaysie
mais seulement, tete en l'air, j'ai du dans mon empressement jeter mes
billets d'avion a la poubelle!
6 heures d'attente, quelques billets et je prends enfin l'avion. Arrivee
a Kuala Lumpur, direction la Bus station ou j'attrape un bus pour Kuala
Terengganu. Huit heures, j'y suis. Maintenant je prends quelques jours
de repos,lecture, musique, reflexion et...e-mail.
JOANNA
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